Le capitalisme apparaît comme la puissance la plus décisive de notre vie quotidienne. Max WEBER entreprend uniquement de montrer comment les croyances religieuses peuvent déterminer l'apparition d'une mentalité économique et être des causes de changement social. Son premier constat se porte sur l'identification d'un fait statistique confessionnel récurrent par lequel position professionnelle et appartenance à une religion sont corrélés. Il parvient à l'expliquer par le type d'éducation conséquent aux croyances religieuses.
Encore de nos jours, les problèmes très actuels d'éthique dans le Monde des Affaires rappellent la démonstration de M. WEBER. L'accumulation du capital, quand elle devient une fin et non plus un moyen, peut conduire aux comportements les plus répréhensibles. Le commerce avait déjà suscité nombre de réticences dans les premiers moments de notre histoire, des Babyloniens au Moyen-Age, en passant par les Grecs. Cette activité a partiellement été réhabilitée par MONTESQUIEU puis d'une manière beaucoup plus affirmée par le Protestantisme et surtout le Calvinisme. La réussite économique apparaissait alors comme une bénédiction divine du travail. Du fait de la ténacité et de l'esprit de sacrifice indispensables aux hommes d'affaires de l'époque, le métier d'entrepreneur ressemblait sur de nombreux points à un sacerdoce.
Benjamin FRANKLIN est selon M.WEBER un des initiateurs du capitalisme. L'esprit capitaliste ne se limite pas aux faits ou aux choses matérielles. Le devoir de chacun s'illustre dans son métier. C'est aussi une vocation : chacun a sa place dans la société. Ces préceptes sont un produit caractéristique de la Réforme, le mouvement orthodoxe initié par LUTHER. La formation de l'esprit capitaliste provient du protestantisme, principalement sous quatre formes : le calvinisme (surtout), le piétisme, le méthodisme et le baptisme. CALVIN a comme particularité de croire que Dieu a créé l'homme mais que celui-ci est inaccessible à jamais pour l'esprit humain. S'en suivent les conceptions ascétistes et puritanistes que, du fait d'une prédestination inéluctable, le salut ne dépend pas de l'action de l'homme.
Mais comment cette éthique fait des adeptes du calvinisme les entrepreneurs les plus performants? La réponse que donne M. WEBER a encore des consonances actuelles. Pour se défaire du doute, le travail sans relâche permet de créer son propre salut. Par son investissement total dans la vie séculière, l'éthique protestante constitue l'une des causes fondamentales à l'origine de l'expansion de l'esprit du capitalisme. L'union ascétique du frein opposé à toute forme irrationnelle de consommation et de la poursuite du gain a eu pour conséquence première la formation du capitalisme, et par là-même, celle de conditions hautement favorables à l'émergence du capitalisme moderne. La démonstration est claire : le comportement du puritain, par son activité rationnelle en valeur, a contribué paradoxalement à légitimer des vertus séculières dans lesquelles s'origine la modernité capitaliste.